In-breeding,
line-breeding and out-breeding” ? That is the question !
Eclairage sur les théories de la consanguinité canine
par Sylvie Desserne pour la
revue du Club des Epagneuls nains anglais
Beaucoup d’éleveurs se posent la question sur l’usage
de la consanguinité dans l’élevage canin. Pour ou contre ? Avantages et
inconvénients ? Pourquoi tant de polémiques et pourquoi si certains prônent
cette méthode comme indispensable, d’autres la clouent-elle au pilori
comme sorcellerie et source de problèmes. Certains acheteurs nous demandent
aussi si le chiot qu’ils achètent est consanguin ou pas.
Je vais essayer avec humilité de vous apporter
quelques lumières, mais le sujet étant ardu et source de polémique, je
n’ai pas la prétention de tout expliquer en quelques lignes mais de vous
rappeler quelques principes de base.
Vous avez tous sans doute entendu parler de : out-breeding,
line-breeding et in-breeding lors de conversations avec d’autres éleveurs
ou dans des revues spécialisées, sans que peut-être ces mots aient une
signification très précise pour vous :
- Out-breeding ou out-cross signifie
en général le fait d’accoupler deux chiens qui n’ont dans leur
pedigree aucun ancêtre commun.
- Line-breeding signifie le fait d’accoupler
deux chiens qui ont dans leur pedigree une parenté plus ou moins
lointaine.
- In-breeding
c’est
le fait d’accoupler deux chiens qui sont strictement parents entre eux
: accoupler un frère et une sœur ou bien des parents avec
leurs enfants, ou un oncle et une tante avec des neveux est
considéré comme de l’in-breeding.
Le mariage des cousins ou des chiens ayant une parenté
plus ou moins lointaine est normalement considéré comme du line-breeding. Mais
la véritable parenté est déterminée par la ressemblance des chromosomes et
des gènes de chacun des sujets.
Un petit lexique des termes
employés va vous permettre de comprendre mon propos :
- chromosome
: le
noyau de la cellule à un certain moment de la vie cellulaire se montre
comme un ensemble de filaments appelés chromosomes. Leur nombre est
constant pour une espèce donnée, ils sont groupés par paires identiques
sauf pour un seul couple, les chromosomes sexuels XY et XX.
- gène : élément du chromosome porteur
du message génétique.
- gamète
:
spermatozoïde ou ovule
Avec l’in-breeding, les facteurs désirables
sont passés de dominants hybrides à dominants purs et les caractères récessifs
désirables seront fixés et gardés. Accoupler force avec force donnera la
force mais faiblesse avec faiblesse aura pour résultat une dégénérescence
continue du type.
L’in-breeding peut perpétuer aussi bien les défauts
que les qualités. La sélection rigoureuse est donc dans ce cas de la
plus haute importance. Faire de la consanguinité en matière d’élevage est comme
un tamis pour les caractéristiques dominantes, elles ne peuvent pas être
décelées mais au moment où deux gènes récessifs s’unissent, ils ne peuvent plus
passer inaperçus et l’éleveur pourra faire d’eux ce qu’il désire (ou presque).
Dans tous les cas « Mendel » élimine de l’élevage le
mot fatalité.
Une analyse intelligente du pedigree nous donnera la
source de ces caractéristiques cachées. Il nous appartiendra alors de savoir si nous devons
employer tel ou tel chien pour ses qualités génétiques ou au contraire
l’éliminer de notre programme d’élevage, compte tenu des défauts que nous lui
connaissons et qui font partie de son bagage héréditaire.
La loi de Mendel nous donne la possibilité d’estimer un chien non pour
ce qu’il est mais sur la façon dont il reproduit. Même si l’on possède le plus
beau chien du monde qui, accouplé avec discernement donne une descendance
manquant de qualités, celui-ci sera écarté de la reproduction.
Les progrès de la génétique vont maintenant encore plus loin
pour le meilleur et pour le pire, car ils nous ont permis de déceler de
nombreuses tares héréditaires qui empoisonnent la vie des éleveurs et leur
coûtent très cher en tests divers.
Mais un jour prochain, un seul test ADN nous
permettra de savoir quels chiens sont porteurs de tel ou tel problème. C’est
déjà le cas pour certaines tares : nous saurons avec certitude, quel
chien utiliser pour les éviter mais le problème de la sélection de la beauté,
lui, restera entièrement entre vos mains.
Ainsi, si les mêmes caractéristiques d’un ancêtre
commun s’unissent (à chaque gamète pour former un zygote) alors on réalise
de l’in-breeding même si l’animal utilisé est cousin à la dixième génération.
Au contraire, si des gamètes non similaires
s’unissent pour former le zygote, même s’il s’agit de frère et sœur, le résultat
est le même que pour un produit issu d’une sélection out-cross.
Sachant que l’out-cross ou out-breeding
est l’accouplement d’animaux qui n’ont aucune parenté, ce type de sélection
est presque impossible à réaliser si l’on examine les pedigrees dans leur
ensemble et sur six générations (soit 126 chiens). On y trouvera presque toujours
au moins un sujet commun surtout pour les races à faible effectif comme le
King-charles, et même chez le Cavalier.
A chaque génération dans toutes les races, il y a des étalons
très beaux et particulièrement « raceurs » qui ont influencé le type de
la race. Ils sont toujours beaucoup utilisés ce qui permet d’avoir
de beaux chiens mais aussi hélas, de diffuser des tares s’ils en sont porteurs.
Le line-breeding est efficace seulement parce
qu’il porte dans le zygote la moitié des caractères unitaires.
L’in-breeding
a tendance à les porter ensemble d’une façon encore plus marquée. Une
compréhension nette du comportement de la génétique nous permet de mieux cerner
comment et pourquoi les résultats de l’in-breeding sont ce qu’ils sont.
Le lecteur qui a compris cette théorie peut en tirer ses déductions pour son
programme d’élevage.
Toutes les variétés de races pures existantes y
compris les races canines, ont été produites et se sont développées au moyen de
l’in-breeding.
Les premiers
éleveurs l’ont utilisé de manière empirique. Si cela fonctionnait, ils ne
savaient pas pourquoi et s’ils échouaient, ils ne comprenaient pas davantage.
Ils ne pouvaient réaliser aucun progrès mais les mauvais résultats auxquels ils
parvenaient si souvent, les effrayaient. Car la peur vient de ce que l’on ne comprend
pas
L’in-breeding fait apparaître les défauts en
surface mais ceci est une véritable aubaine pour l’éleveur (je parle ici
dans l’absolu). C’est en effet seulement quand ils apparaissent dans la lumière
que l’éleveur peut éliminer les traits négatifs latents dans son élevage. Les
chiens qui présentent ces traits négatifs doivent être stérilisés.
Bien que tout cela paraisse peut-être ardu et
difficile à appliquer, pour simplifier, sachez étudier le pedigree de vos
chiens. Pour cela il faut bien connaître les chiens qui le composent. Un beau
chien issu sur plusieurs générations de parents de qualité, dont les frères
et sœurs eux-mêmes sont de qualité, a plus de chances d’avoir fixé dans son
patrimoine génétique ces qualités et de les retransmettre.
Si vous voulez utiliser un étalon ou une lice qui
possède un défaut grave parce que par ailleurs, il ou elle a des qualités
certaines, essayer de savoir si ce défaut existe dans cette lignée ou s’il est
tout à fait accidentel. La réponse à la question vous apporte la solution.
Ne mariez jamais deux défauts ensemble car vous risquez de le fixer, ni,
naturellement un défaut avec son défaut extrême (un chanfrein trop long
avec un chanfrein trop court par exemple) car vous chargez de ces deux défauts
le patrimoine génétique des descendants.
Sachez que les qualités de beauté sont hautement
transmissibles lorsqu’elles sont fixées génétiquement. Les tares aussi hélas suivant
un processus génétique variable suivant le problème.
Si vous avez
bien suivi le raisonnement et le processus de la loi de Mendel, vous
comprendrez pourquoi un beau chien né par hasard génétique de sujets
eux-mêmes médiocres, ne reproduira le plus souvent que des sujets
médiocres, à la différence d’un beau chien, né de parents et de grands
parents de qualité, qui porte dans ses chromosomes tout un patrimoine de beauté
mais aussi les tares et les défauts de la lignée... Car le danger et le pouvoir
de la consanguinité sont là. La consanguinité ne crée pas le crime mais le
révèle.
L’élevage est une tâche ardue mais passionnante, bon
courage!
Source : Sylvie Desserne pour le Club des Epagneuls
nains anglais, 4ème trimestre 2010
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