Plan :
Quelques mots
sur le principe;
Bref historique.
Description du mode de jugement le plus courant
D'autres façons de juger
Conclusion.
1. du Principe
Larousse écrit que le principe est un début, voire une
cause. "Le travail est le principe de toute richesse" ! (ancien
Larousse)
De même le jugement est le principe de toute sélection.
C'est par LA que tout débute en ce domaine quel que soit le mode de jugement,
la finalité étant l'élevage.
Alors, il faut se poser la célèbre parole de FOCH : "De
quoi s'agit-il ?" en matière de jugement, s'entend.
Le principe du jugement réside donc dans son but : la sélection
qui débouchera sur la production de sujets de grande valeur (sans toutefois s'égarer
dans l'élitisme).
Nous envisagerons les diverses façons d'opérer, compte tenu de nos règlements particuliers,
et aussi de qui se fait ailleurs. Nous conclurons enfin avec ce que doit être
la qualité essentielle d'un juge pour mener à bien les opérations de jugement
qui lui sont confiées.
2. Bref
historique du jugement :
De tous temps les hommes se sont livrés, même si le mot
n'avait pas cours, à des épreuves de sélection pour les animaux qu'ils avaient à
leur service ou dont ils se nourrissaient...
Ils "choisissaient ceux qui, à leurs yeux, leur
paraissaient les plus intéressants" ; on dirait désormais
"rentables".
En effet, la sélection est un des outils de l'éleveur, elle
consiste à repérer les meilleurs, les plus aptes à l'amélioration.
Exemple : A quoi se livre un paysan sur un foirail ?
Il n'achète un animal qu'après avoir estimé ses qualités ;
c'est à dire l'avoir JUGÉ.
Comment juge-t-il ? sur quoi se base-t-il pour se décider ?
En se référant à son expérience, liée aux heurs et malheurs qui l'ont forgée.
Cette expérience constitue "son" standard, qui
ajoutée à d'autres expériences permettra de cerner plus tard les points d'un
standard définitif. Ce qui s'est passé pour les animaux de rente, s'est passé
pour les chiens et c'est ainsi que se sont construits les standards des races
que les juges doivent respecter.
Il est aisé de déduire de ce qui précède que le juge devra
estimer en nombre et en importance les écarts que tout chien présente par
rapport au standard de sa race défini comme étant l'idéal recherché.
La finalité consiste à attribuer à chaque chien un
qualificatif permettant de le placer sur l'échelle des valeurs au terme d'un
examen individuel, le principe devient un jugement dans l'absolu. Les
classements seront abordés au terme du "mode opératoire". Corollaire
: II faut se garder de sombrer dans la "championite", l'éleveur sérieux
se documentera sur les collatéraux des "gagnants" afin de pas se
servir de l'exception qui cache peut être des tares qu'il n'affiche pas mais
dont il est porteur. Entrons dans le vif du sujet en envisageant le cas le plus
fréquent : Un seul juge en exposition.
3. Mode opératoire
Sur un plan pratique, nous supposons que le juge dispose
effectivement d'un ring conforme au règlement des expositions, avec secrétaire
et commissaire de ring. Il doit :
3.1 Prendre
connaissance de son carnet de juge, signer chaque feuillet, ce qui permet de
repérer les différentes classes dans chaque race (une omission du secrétaire
est toujours possible) et rien n'est plus désagréable que de devoir rappeler
des exposants pour qu'ils vous remettent des cartons donnés un peu vite.
3.2 Donner ses
instructions au Secrétaire et / ou au Commissaire de ring
Puis, faire entrer les chiens dans le ring selon l'ordre des
classes tel qu'il apparaît sur le carnet de juge.
N.B. : En cas de classes très importantes, il est préconisé
de les fractionner, de juger les chiens comme décrit plus loin ; enfin de
rassembler les fractions de classe par qualificatifs aux fins de classement.
Il ne faut pas se priver, faute de place, de faire évoluer
chaque chien correctement.
Dans les deux cas, les chiens sont alignés par ordre
croissant des numéros ; le secrétaire note les absents.
Détendre présentateurs et chiens en leur faisant faire un
tour de ring ou deux ; ceci permet de repérer du même coup le ou le sujets
sortant de l'ordinaire.
3.3 Jugement
proprement dit. Ordre logique des examens
Dès cet instant, le vocabulaire employé est primordial :
"bon" n'est pas "très bon" et encore moins
"excellent".
Nous avons vu sur le carnet d'un juge toujours en activité :
"Bonne tête, bon corps, bons aplombs et démarche" : 1er Exc - CAC ! !
Il est à penser que ce juge voulait dire
"excellent" dans son entendement ; mais alors autant l'écrire.
Employons le même langage, les exposants eux-mêmes s'y
retrouveront.
Noter tout d'abord une appréciation générale du sujet (qui a
pu être repérée dès l'entrée dans le ring, comme dit au 3.2)
Ex : Exc modèle, bien
campé, ou Exc construction, ou encore T.B. sujet harmonieux, Grand modèle
(assorti de la taille)....
Cette première impression s'avère souvent la bonne. Suivent
alors :
- La tête
puisqu'elle est le "support" de la race
II faut conserver à l'esprit ce que P. MEGNIEN écrivait en
1899 : "La race est dans la tête et tout le reste suit". On peut dire
en corollaire que la tête est le dernier refuge d'un caractère de race (s'il en
subsiste un) après plusieurs générations panmictiques.
La tête a aussi ses régions, ce sont elles qu'on apprécie :
Denture
Yeux
Forme du crâne, chanfrein
Parallélisme ; convergence, divergence...
Ciselure, sécheresse, stop ...
Babine
Cou (fanon)
Enfin tout ce qui détermine l'expression puisque cette dernière
ne se mesure pas.
Il faut s'attacher à noter les points marquants pour que le
texte demeure concis et précis. C'est là une très grande qualité pour un juge.
Toujours par comparaison au standard, suit tout
naturellement l'encolure et la ligne du dessus jusqu'à la croupe.
N.B. il est à noter que lorsqu'on ne parle pas de la croupe,
c'est qu'elle est conforme ; comme du reste pour la plupart des autres régions
morphologiques.
Dans l'ordre viennent ensuite :
La ligne du dessous
Les angulations et les aplombs
Les pieds (auxquels on n'attache jamais assez d'importance)
Le fouet et son attache ainsi que sa tenue en action ;
La robe (texture, couleur, sous-poil, densité, type ...).
Enfin la démarche et le mouvement pour lesquels il existe
deux méthodes selon l'importance du ring dont on dispose :
Aller-retour selon une diagonale afin de juger la démarche,
plus un ou plusieurs tours de ring, le juge étant au centre afin d'apprécier le
mouvement de profil en notant la qualité du port du fouet.
Faire effectuer un ou plusieurs parcours selon un triangle,
le juge demeurant à une pointe fixe de sorte qu'il puisse juger la démarche vue
de l'arrière lorsque le chien s'éloigne ; le mouvement de profil le long du côté
opposé du triangle enfin la démarche vue de l'avant lorsque le chien revient
vers le juge.
N.B. il est évident que pour les races bergères, par
exemple, où le mouvement revêt une importance capitale, l'examen selon a) est
préférable, car il donne plus de temps pour s'assurer de sa conformité à
l'utilisation, inhérente aux races bergères; (ce qu'on appelle "l'allure
bergère"). Ces examens terminés, chaque chien s'est vu attribuer un
qualificatif.
4 Classement :
Parmi les meilleurs, en général les chiens ayant obtenu
l'EXCELLENT. Le juge va devoir effectuer le classement de quatre sujets. Cela
selon l'ordre déterminé par son carnet, classe par classe. Quatre classes
s'ouvrent à un classement de quatre sujets : Ce sont pour chaque sexe les
classes :
Ouverte
Travail (pour les races soumises au travail, s'entend)
Champion
Jeune.
A ce stade des opérations de jugement, il faut bien se pénétrer
que si le qualificatif est primordial comme exposé plus haut en ce qui concerne
la qualité du chien ; il n'empêche que le classement influe sur la carrière de
l'animal.
Chaque candidat juge connaît suffisamment le problème pour
qu'il ne soit pas évoqué dans ce chapitre. Seul le principe sera développé.
Le classement de chiens quasiment parfaits relève souvent du
coup de cœur, sauf si certains détails enlèvent la décision, bien sûr.
Pratiquement, il faut, IMMEDIATEMENT le classement opéré, le
porter sur le carnet de juge afin d'éviter toute omission qui cause un travail
de recherche à la S.C.C. dans sa récapitulation des résultats. Faire éditer
aussitôt les cartons de qualificatifs, les signer.
5 Attribution des
CACS et CACIB et des réserves
5.1 CACS : son
attribution n'est nullement une obligation 5.1.1 Pas de classe travail :
Décider si le mérite des 2 chiens (1er et 2ème Exe de la
classe ouverte) est de nature à leur attribuer CACS et RCACS (ou seulement le
CACS pour le 1er)
5.1.2 Avec une
classe travail
Conserver le premier de chaque classe et décerner éventuellement
le CACS
5.1.3 RCACS
Choisir le plus méritant des 2 chiens suivants :
le 1er Exc non sélectionné pour le CACS
le 2ème Exc de la classe ayant obtenu le CACS
5.2 CACIB :
Mettre en concurrence le chien ayant obtenu le CACS avec le premier
de la classe champion. Choisir.
N.B. : S'il n'y a pas de classe champion, il faut décider si
les CACS et RCACS méritent ou non d'être crédités des CACIB et RCACIB.
5.3 Si le CACIB a
été attribué, pour l'attribution de la R.C.A.C.I.B.
Choisir le plus méritant des 2 chiens suivants :
le 1er Exc non sélectionné pour le CACIB
le 2ème Exc de la classe ayant obtenu le CACIB
6. Classe Jeune
: II suffit de faire le classement des quatre premiers. Même chose pour la classe
vétéran.
7. Classes Débutant
et puppv
Pas de classement.
Conseil : II faut bien suivre ces modes opératoires, pour ne
pas risquer d'erreurs ou confusions, sources de réclamations, reprise de
cartons, nouveau jugement, autant de situations qui déprécient l'image de juge
dans le public. Un juge se doit d'être particulièrement ordonné.
8. D'autres façons
de juger
8.1 en France : Lors des expositions nationales d'élevage,
notamment avec la mise en compétition du CACS de Championnat, nombre de clubs
de race constituent des jurys comprenant plusieurs juges (deux; voire trois)
selon le principe adopté.
8.1.1 Cas de deux juges : l'un d'entre eux est Président du
jury, car il faut bien trancher à un certain moment.
L'avantage de ce principe de jugement est que le second juge
peut être un stagiaire et cette façon de faire permet à un juge récent
d'examiner de nombreux sujets ce qui ne peut que lui être profitable.
En ce cas il est loisible "d'éplucher" le standard
et de profiter de l'occasion pour se livrer à un jugement par régions
morphologiques en les détaillant ou non, sans aller pour autant jusqu'au
jugement par points.
Cette méthode permet en examinant le qualificatif final donné
à chacune des régions d'attribuer un qualificatif final mieux cerné.
Ex : Si, la tête n'a obtenu que Très bon, par exemple, il
sera difficile d'accorder un excellent final (en raison du T.B.). Chaque club décide
du protocole à adopter ; mais, en tout état de cause le plurijugement efface
bien des récriminations partisanes.
Ce mode de jugement nécessite sans doute davantage de juges,
mais la qualité s'en ressent. Il faut savoir ce qu'on veut : Ou bien on
s'efforce de sélectionner, ou bien risque de diverger.
En résumé ce principe de jugement ou la concertation quasi
permanente des deux juges gomme presque totalement la tendance pour l'un ou
l'autre à une préférence vraie ou fausse qui sera souvent mise en avant par un
non gagnant.
8.1.2 Cas de trois juges :
Chacun juge pour soi sans consultation de ses collègues...
Les chiens demeurent dans un ring, les juges permutent, inscrivent sur une
feuille de jugement, en face du numéro de chaque chien, le qualificatif
attribué. Après tout devient aisé pour décerner le qualificatif final :
- 3 Exc, le
chien est Exe évidemment
2 Exc et 1 TB est Exe ayant moins de valeur que celui du cas
précédent
1 Exc et 2 TB est TB
3 TB le chien est TB bien sûr.
Le classement ne se fait bien sûr les chiens ayant obtenu 3
Exc.
Le principe de ces deux derniers modes de juge se rapproche
un peu de jugement par points, surtout dans le cas de deux juges avec une
feuille de jugement même plus ou moins détaillée. Ce principe oblige à
examiner, même très vite, chaque région morphologique et peut éviter de passer
sur un défaut que la vue d'ensemble ne permettrait pas de remarquer. Ces autres
façons de juger ne peuvent évidemment pas s'appliquer en exposition. Néanmoins,
le mode opératoire préconisé au § 3.3
a l'avantage de ne pas oublier de région morphologique
et ainsi de minimiser le risque d'erreurs.
8.2 A
l'étranger
Les temps impartis pour juger sont nettement plus courts
qu'en France, en général.
Souvent, on ne prend pas de notes.
En ce cas, c'est le type, plus que la morphologie qui est
jugé avec le risque de sombrer vers l'hypertype, par exemple ou bien de
privilégier la présentation sans s'attarder sur les défauts morphologiques
parfois graves.
Aux Etats Unis, il faut s'engager à juger 25 chiens à
l'heure et le ring assigné au juge n'est disponible que pour le temps exact
correspondant au nombre de chiens à juger...
Autrement dit, il faut retenir deux ou trois sujets qui se
trouvent être classés pratiquement sans avoir été jugés.
Selon ce principe, un seul chien des deux sexes réunis
gagne; ensuite on désigne le meilleur du sexe opposé (sans que cette récompense
puisse être prise en compte pour les points du championnat que seul le gagnant
marque) !
9 Conclusion :
Le principe du jugement réside donc un examen morphologique
plus ou moins approfondi.
Pour ce faire il sied de suivre une ligne de conduite telle
que définie au § 3.3.
Les règles du jugement sont dictées par le standard de la race. Le juge, pendant
son action endosse la responsabilité d'une fraction du cheptel de la race qu'il
est en train d'examiner...
Pour ne pas "perdre la main", il doit juger assez
souvent. Ce faisant, il finit par connaître nombre de propriétaires avec
lesquels il peut même être lié d'amitié, ce qui pose parfois problème, car on
touche là un des points les plus délicats de la fonction de juge ; puisque à ses
fonctions se trouvent mêlées les relations humaines. C'est à ce moment-là que
le juge doit faire preuve de la principale qualité qu'on exige de lui : le
COURAGE.
En effet, connaître son standard semble une évidence.
Juger avec ordre et méthode peut s'apprendre.
Avoir l'œil est davantage inné...
Mais savoir vaincre le penchant qu'on peut avoir pour
quelqu'un au moment de prendre une décision qui risque de ne pas être bien
perçue est une preuve de courage.
C'en est aussi une d'honnêteté, car se laisser fléchir,
c'est pénaliser le vrai méritant, et c'est grave moralement.
En outre c'est manquer à sa mission qui est depuis 1882 l'amélioration des
races de chiens en France.
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